Depuis près de trois ans, le duo composé d’Arturo Coello et d’Agustín Tapia règne sans partage sur le circuit professionnel féminin. En 2025, ils ont atteint 14 finales sur 17 tournois Premier Padel, pour un total de 10 titres glanés à travers les « Major » et les P1. Pourtant, derrière ces performances se cache un jeune joueur à la trajectoire atypique, dont la puissance et la lecture du jeu intriguent autant qu’elles fascinent. Voici trois facettes méconnues du profil d’Arturo Coello, alias « El Rey Arturo », à la fois pour mieux comprendre son ascension et pour décrypter les secrets de son tennis sur gazon synthétique.
Un palmarès impressionnant avant 24 ans
Agé de seulement 23 ans, Coello a déjà collectionné les titres les plus prestigieux : 10 trophées en 2025, dont plusieurs Major (Milano Premier Padel P1, Madrid Premier Padel Major, etc.). Malgré une défaite en finale face à Fede Chingotto et Alejandro Galán au Oysho Milano Premier Padel P1, il repart bientôt en quête des derniers tournois de l’année : le Dubai P1 (9–16 novembre), le Mexico Major (22–30 novembre) et les Barcelona Finals (8–14 décembre). Ces échéances représentent autant d’occasions de consolider leur place de numéro 1 mondial et de résister aux assauts de leurs plus sérieux concurrents.
1. Origines rurales et premier contact avec la raquette
Contrairement à l’image d’un prodige issu des grandes académies, Coello puise sa force dans ses racines. Né à Mojados, un village de 3 300 habitants dans la province de Valladolid, il a découvert le padel sur les terrains modestes du club municipal. Ses parents, passionnés mais aux moyens limités, ont fait des sacrifices notables pour lui permettre de participer à ses premières compétitions régionales.
- Surface d’entraînement : béton simple et murs en ciment, favorisant un jeu de défense et de contre grâce au rebond imprévisible.
- Horaires atypiques : séances matinales avant l’école et sessions du soir sous éclairage basique, renforçant sa capacité d’adaptation à des conditions variables.
- Jeu en binôme précoce : dès l’âge de 9 ans, il formait déjà des paires avec des adultes, ce qui a affiné son sens du positionnement et de la communication sur le terrain.
2. Installation à Miami, épicentre du padel nord-américain
Début 2025, Coello a choisi de poser ses valises à Miami, désormais considérée comme la capitale américaine du padel. Il s’entraîne quotidiennement au Reserve Padel, complexe ultra-moderne conçu par Wayne Boich, où les murs anti-vibration et les filets haute visibilité permettent d’affiner le toucher et la précision.
- Environnement high-tech : capteurs de mouvement et caméras HD pour analyser chaque accélération de balle et chaque décalage latéral.
- Préparation physique dédiée : programme combinant plyométrie et musculation, optimisé pour développer la puissance du smash et la vitesse des fentes.
- Simulations de match en altitude relative : salle climatisée recréant l’humidité de Madrid ou la sécheresse de Doha, afin d’habituer le corps à divers stress environnementaux.
3. Baptême du feu à 17 ans sur le circuit professionnel
En 2019, à seulement 17 ans, Coello débute sur les tournois Challenger et fait face à des adversaires expérimentés tels que Pincho Fernández, Fran Ramírez, Guga Vázquez et Iván Ramírez. Il surprend par son jeu agressif :
- Lancements de smash à plus de 200 km/h malgré son gabarit longiligne (1,90 m pour 85 kg), résultat d’un travail ciblé sur la chaîne postérieure et la sangle abdominale.
- Variation des effets sur le coup droit lifté, combinant topspin et slice pour ouvrir des angles impossibles à couvrir.
- Gestion mentale déjà affirmée : il ne cède quasiment jamais face aux grands points, malgré un manque d’expérience tactique.
Cette entrée en compétition a attiré l’attention de Miguel Lamperti, qui devient son mentor et l’aide à peaufiner son jeu de filets, notamment les volées amorties et les blocs piqués.
Le duo Coello–Tapia : l’alchimie du succès
La paire hispano-argentine ne se résume pas à l’addition de deux talents individuels : elle repose sur une complémentarité technique et psychologique. Coello, gaucher, exploite des trajectoires croisées en diagonale tandis que Tapia, droitier, couvre le point parallèle. Ensemble, ils forment un véritable « X » sur le court :
- Pression constante derrière le filet, alternant smashes massifs et blocs coupés.
- Transitions fluides entre défense basse et contre-attaque haute, limitant les temps morts adverses.
- Communication non verbale optimisée, grâce à des signaux gestuels codifiés lors des balles chaudes.
Les axes techniques à surveiller pour l’adversaire
Au-delà de ses stats déjà impressionnantes (14 finales, 10 titres), Coello se distingue par :
- La précision chirurgicale de ses retours slicés : trajectoire tendue, faible rebond, forçant l’erreur.
- Le timing de son smash en extension : grâce à une ouverture du bassin prématurée, il génère un effet de catapulte.
- La résistance à l’effort long : moyenne de 40 frappes par point avant la prise d’initiative, indicateur d’un cardio hors norme.
Cela explique pourquoi les bookmakers le désignent, avec Tapia, comme leurs favoris pour les rendez-vous de fin d’année. Seuls Galán et Chingotto, par leur expérience et leur régularité, semblent capables de rivaliser avec ce « Rey » dont le royaume pourrait bientôt s’étendre sur tous les continents.