Le point d’or vs la règle de l’avantage : une révolution en marche
Depuis son lancement en 2022, Premier Padel a choisi de conserver le système classique des jeux à avantage, à l’opposé du World Padel Tour qui a adopté le point d’or dès 2020. Or, à l’aube de la saison 2026, la Fédération Internationale de Padel (FIP) envisage de réévaluer ce choix. Entre puristes attachés à la dramaturgie des échanges et promoteurs d’un spectacle plus rapide, le débat fait rage au cœur du circuit professionnel.
Le précédent du WPT et l’impact du point d’or
La réforme du WPT a transformé le paysage du padel professionnel :
- Réduction de la durée des matchs d’environ 20 % en moyenne, passant d’1 h 45 à 1 h 25. Cette donnée, mesurée sur 120 rencontres, démontre un gain de temps significatif pour les diffuseurs.
- Augmentation de l’intensité : chaque “deuce” devient un face-à-face décisif, obligeant les joueurs à raffiner leurs stratégies sur un unique point capital.
- Montée de l’engagement du public : les spectateurs ressentent chaque point comme un mini “tiebreak”, avec un pic d’attention mesuré par l’analyse des flux audio et vidéo (augmentation de +35 % des interactions sur les réseaux sociaux durant les points d’or).
Ce modèle a séduit les diffuseurs internationaux, car il garantit une prévisibilité de la durée des rencontres et une tension constante, deux atouts majeurs pour la captation télévisuelle.
Arguments des partisans du changement
Plusieurs techniciens et anciens champions du padel plaident pour le point d’or :
- Jorge Martínez : “Implanter le point d’or et le super tiebreak au troisième set, c’est offrir un show ininterrompu. Les rencontres ne dureraient jamais plus d’1 h 30, un format idéal pour la télévision.”
- Manu Martín : “Il faut penser à la captation moderne : un point d’or par jeu, c’est l’équivalent d’un penalty toutes les deux manches. Le spectateur reçoit un choc émotionnel à chaque “deuce”, et le sport épouse ainsi l’ère du consumérisme rapide.”
- Adaptation aux nouvelles générations : la “génération TikTok” recherche des formats courts, où chaque action est décisive. Un match émaillé de points d’or reste gravé dans la mémoire collective.
Pour ces experts, la rapidité et la dramaturgie du point d’or peuvent accroître la visibilité du padel sur les plateformes de streaming, séduisant un public plus large et diversifié.
La position de la FIP : prudence et ouverture
Face à cette pression, la FIP adopte une ligne médiane :
- Guillermo Alcaide, directeur sportif, reconnait que “le débat est légitime. Nous ne sommes pas fermés, mais aucune décision n’est prise pour l’instant.”
- Processus de vote : la règle de l’avantage avait été approuvée à 55 % lors du dernier scrutin interne. Une modification nécessiterait un nouveau vote où les joueurs, entraîneurs et promoteurs s’exprimeront.
- Évaluation multi-critères : la FIP étudie les retours des diffuseurs, les retombées économiques des tournois et l’impact sur la santé des joueurs (moindre durée = moins de fatigue cumulée).
Cette approche graduelle doit permettre de concilier respect des traditions et modernisation, sans brusquer les acteurs du circuit.
Conséquences tactiques et entraînement
Quel que soit le verdict, les joueurs devront ajuster leur préparation :
- Stress et prise de décision : le point d’or exige une gestion millimétrée du stress sur le “deuce”. Les entraînements mentaux (visualisation, respiration contrôlée) deviendraient incontournables.
- Spécialisation du retour : chaque retour de point d’or peut devenir une arme. Travailler le slice bas ou le retour piqué en retombée rapide pourrait offrir un avantage décisif.
- Condition physique : sur un match plus court, l’explosivité prime sur l’endurance. Les programmes gym focalisés sur les sauts plyométriques et la force excentrique gagneront en priorité.
- Répartition de l’effort : anticiper les points clés et conserver une réserve d’énergie pour les fins de set deviendra vital. La gestion de l’intensité, mesurée par la fréquence cardiaque et la lactatémie, sera optimisée.
Les équipes techniques devront intégrer ces nouvelles variables dans leurs data-analysis pour déterminer les zones de confiance sur la piste et affiner la stratégie de match.
Impact médiatique et économique
Pour les diffuseurs et sponsors, le point d’or présente plusieurs avantages :
- Prouvabilité de la durée : un protocole standardisé limite les écarts de programme et facilite la planification des grilles de diffusion.
- Création de contenus : chaque point d’or génère du “contenu snackable” pour les réseaux sociaux, renforçant l’engagement des communautés.
- Attirance des annonceurs : le format court et intense attire les marques cherchant à associer leur image à des temps forts émotionnels et spectaculaires.
- Évolution du sponsoring : les contrats médias pourraient intégrer des bonus liés au nombre de points d’or disputés et à leur audience cumulée.
Ces aspects économiques jouent un rôle majeur dans la décision finale, car le padel professionnel dépend désormais d’un équilibre subtil entre passion sportive et viabilité commerciale.
Scénarios possibles pour 2026
À l’issue des consultations, plusieurs options se profilent :
- Maintien du système avantage, assorti d’une réduction du super tiebreak à 9 points pour limiter la durée des rencontres décisives.
- Hybridation : introduction du point d’or uniquement dans le dernier set ou pour les tournois classés P1 et P2, laissant le circuit plus traditionnel sur les grands événements.
- Adoption générale du point d’or, à l’image du WPT, avec un super tiebreak à 10 points pour le troisième set, garantissant dynamisme et prévisibilité.
Le choix de Premier Padel pour 2026 déterminera la direction du padel mondial et influencera la manière dont les futurs champions s’entraîneront et se prépareront mentalement.