Lorsque l’on évoque l’audace et la créativité dans un sport de raquette, deux noms se détachent : Carlos Alcaraz, porté par sa quête du sixième Grand Chelem à l’US Open, et Juan Lebrón, star du Madrid P1 de Premier Padel. Chacun, sur sa discipline, a réussi un coup spectaculaire : un « behind-the-back » improvisé qui a fait le tour des réseaux. Plongée technique dans ces gestes iconiques.
Le « behind-the-back » d’Alcaraz : timing et coordination
Au deuxième set de son huitième de finale contre Arthur Rinderknech, Alcaraz se retrouve dos au filet après une montée précipitée. Le shot : un revers « botté » sans regarder la balle, propulsé d’une rotation du tronc et d’un transfert de poids du mollet droit vers l’avant. Les clés du geste :
- Anticipation : lecture rapide de la trajectoire adverse, déclenchement du pivot à 45° avant que la balle ne rebondisse.
- Placement du pied : appui sur l’avant-pied droit, genou fléchi, assurant une base stable pour la torsion.
- Mécanique de bras : coude légèrement plié, avant-bras guidant la raquette vers l’arrière, puis acceleration vers l’avant pour donner l’effet lifté.
- Contact sous la hauteur de l’épaule : angle fermé pour éviter un smash trop haut et garder la balle proche du filet.
- Suivi de la raquette : trajectoire en « S », favorable à la rotation et à la précision malgré le manque de visibilité directe.
Un tel coup nécessite une excellente proprioception et des réflexes aiguisés. Les entraîneurs d’Alcaraz ont travaillé les exercices de réaction (drills de balles aléatoires) et le renforcement du tronc (planches latérales) pour stabiliser cette torsion brusque.
Le « bote pronto » de Juan Lebrón à Madrid P1
Au WiZink Center, Lebrón a reproduit l’exploit : un « bote pronto » de dos, effectué juste après un amorti adverse. Les particularités techniques du padel :
- Balle au sol à hauteur cheville : contact anticipé sur un rebond court pour surprendre les adversaires.
- Rotation du bassin : similaire à Alcaraz, mais avec un agrandissement de l’amplitude pour compenser la longueur du manche de padel.
- Positionnement latéral : pied gauche en avant (stance fermée) pour dégager plus de place au swing.
- Poignet ferme et raquette légèrement inclinée : permet de lever la balle juste assez pour la déposer derrière les adversaires.
- Synchronisation corps-raquette : le regard vers la cible (côte opposée) garantit une trajectoire millimétrée malgré le manque de visibilité directe.
Ce coup est à la fois un outil tactique (changer totalement l’angle du jeu) et un message psychologique : la paire Lebrón/Chingotto affiche sa maîtrise totale de chaque situation.
Points communs et différences tactiques
Ces deux gestes, issus de sports distincts, partagent :
- Un haut degré de prise de risque : sortir du cadre habituel pour déstabiliser.
- La recherche de l’effet « wow » : impact direct sur le mental de l’adversaire et sur l’ambiance du stade.
- Une exécution en mode « one shot » : pas de corrections possibles, il faut réussir dès la première intention.
Cependant, la balle plus lourde et le rebond élevé du padel obligent Lebrón à générer plus de puissance au poignet, tandis qu’Alcaraz mise sur la vitesse de rotation et la précision de sa prise de raquette Babolat. L’environnement (surface en dur vs murs) influence également la trajectoire et la quantité d’effet possible.
Exercices pour intégrer le « behind-the-back »
Pour progresser et reproduire ce type de coup, Julien Jale recommande :
- Drill « mirror » : deux joueurs se font face sans filet, l’un envoie des balles aléatoires, l’autre doit produire uniquement des coups de dos (rebond avant ou après). Objectif : affiner l’instinct et la coordination.
- Renforcement du tronc : gainage dynamique avec rotation (planche latérale avec torsion du buste) pour stabiliser le pivot du corps.
- Proprioception et équilibre : usage de planches d’équilibre ou d’une surface instable pour travailler la réaction pieds au sol et le transfert de poids.
- Travail de cible : positionner une mini-cible derrière soi (cônes ou cerceaux) pour obliger le joueur à placer la balle avec précision malgré la visibilité réduite.
- Simulation de match : inclure ces coups dans des points spéciaux (joker) pour habituer le joueur à les sortir sous pression.
L’importance du mental et de la confiance
Ces gestes n’existent que si le joueur possède un niveau de confiance élevé. Alcaraz et Lebrón partagent une philosophie commune : jouer avec plaisir, oser, et offrir un spectacle aux spectateurs. Dans leurs programmes, un volet est dédié à la préparation mentale :
- Visualisation : se projeter, raquette en main, exécutant le coup de dos avec succès.
- Gestion du stress : exercices de respiration en alternance avec les drills à haute intensité.
- Acceptation de l’erreur : travailler sans crainte de rater, pour ne pas bloquer le geste.
Leur collaboration avec la marque Babolat garantit également une stabilité de matériel, chaque balle frappe la surface prévisible, essentielle pour automatiser ces gestes complexes.
En comparant ces deux exploits, on comprend que la frontière entre tennis et padel s’estompe dès qu’il s’agit de créativité et de maîtrise technique. Pour les passionnés désireux d’enrichir leur palette, ces analyses fournissent une feuille de route précise : allier préparation physique, drills dédiés et entraînement mental pour, vous aussi, repousser les limites du possible sur le court.