Un transfert inédit du football au padel professionnel
À 41 ans, Arjen Robben, icône du football européen, a décidé de défier les conventions en passant des crampons à la pala. Lors du FIP Bronze de Westerbork (28–31 août), catégorie d’entrée du CUPRA FIP Tour, l’ancien ailier de Chelsea, du Real Madrid et du Bayern Munich a fait ses premiers pas en compétition officielle de padel, révélant un talent inattendu et une combativité intacte.
Analyse de son match de qualification
Associé au Néerlandais Werner Lootsma, Robben a débuté sa campagne face au duo Ralph Boekema/Mark Beldmate. Après avoir concédé le premier set 4-6, il a su rectifier le tir :
- Set 2 : victoire 6-3 grâce à une hausse du pourcentage de premières balles (de 58 % à 72 %).
- Set 3 : gain au tie-break 7-6 après avoir sauvé six balles de match, témoignant d’une résilience mentale hors norme.
Ce renversement de situation s’explique par une amélioration simultanée du placement et de la vitesse de réaction, deux caractéristiques développées durant sa carrière footballistique.
Service et retour : un duo gagnant
Le service de Robben, bien qu’encore perfectible, a surpris par sa capacité à varier l’effet et la hauteur :
- Service lifté à 85 km/h pour monter le point en fond de court.
- Service slicé ras de filet à 78 km/h, idéal pour perturber le retour adverse.
En retour, il a affiché instinct et anticipation, plaçant plusieurs retours dans les pieds des adversaires pour obtenir rapidement la position offensive. Un point fort qui provient directement de sa lecture de jeu développée au plus haut niveau footballistique.
Coup droit et revers : adaptation technique
Passer du football au padel implique de retravailler la gestuelle, notamment pour les coups de fond :
- Coup droit : Robben a adopté une prise semi-occidentale, lui garantissant puissance et contrôles des trajectoires.
- Revers à une main : bien que plus rare, il a su l’utiliser pour changer d’angle et surprendre, en dosant finement l’effet slice.
Sa capacité à varier cadence et hauteur de balle illustre une bonne compréhension des fondamentaux, malgré un apprentissage encore en cours.
Volées et bandejas : premiers enseignements
Présent à la volée de manière naturelle, Robben démontre :
- Volée haute classique, utilisée pour conclure les points courts.
- Bandeja — coup signature du padel — en cours d’assimilation : sa bandeja gagne progressivement en stabilité et amplitude.
Un travail spécifique sur la synchronisation épaule-coude-poignet et un suivi kinésiologique seront déterminants pour fiabiliser ces frappes décisives.
Positionnement et communication en double
Le padel, sport de duo, exige coordination et partage de l’espace. Robben s’appuie sur :
- Sa lecture anticipative, héritée du football, pour se déplacer en anticipation des trajectoires adverses.
- Une communication verbale régulière avec Lootsma, visant à définir en temps réel la répartition des zones (fond, milieu, filet).
- Des déplacements latéraux synchronisés afin de maintenir une ligne de filet solide.
Ces ajustements tactiques lui permettent d’exploiter son sens inné de l’espace et de la coordination, tout en limitant les périodes de flottement caractéristiques des débutants en double.
Bilan statistique et axes d’amélioration
Selon les relevés du match :
- Précision du service : 65 % de premières balles.
- Ratio gagnants/erreurs non forcées : 14 gagnants pour 9 erreurs.
- Taux de réussite en bandeja : 52 %, à travailler pour atteindre un seuil professionnel (70 %).
Pour progresser, il devra notamment :
- Augmenter son pourcentage de premières balles par un gain en explosivité musculaire.
- Stabiliser la bandeja via des drills de répétition et un renforcement du poignet.
- Intégrer des exercices de foot-padel transition, pour fluidifier les changements de direction.
Un public conquis et un avenir prometteur
Malgré la défaite en seizièmes (1-6, 0-6 contre Sten Richters/Thijs Roper), les adversaires ont salué son niveau : « Le meilleur ex-footballeur que je connaisse au padel. » Le match a attiré plusieurs centaines de spectateurs, curieux de voir la légende néerlandaise à l’œuvre.
Robben, humble, admet : « Je ne suis pas sûr de prendre ça trop au sérieux, mais j’ai pris un plaisir fou à chaque point. » Avec une piste personnelle dans son jardin et un investissement grandissant dans le développement du padel aux Pays-Bas, on peut légitimement imaginer que ce premier succès n’est que le début d’un nouveau chapitre sportif.